Né en 1886 dans la banlieue nord de Londres, Philip Grégory Needell devait s’intéresser dès son plus jeune âge à l’art et la photographie. Mais à la fin de sa scolarité, son père le place à la « London and Westminster Bank », établissement financier qu’il quittera au cours de la 2e guerre mondiale pour des raisons de santé. Banquier, Needell n’en reste pas moins attiré par la peinture, et il suit les cours de dessin au Régent Street Polytechnic à Londres.
Ses premières œuvres datent de la guerre 14-18. Timonier sur le croiseur auxiliaire l’Almanzora, il navigue dans les deux hémisphères et certains de ces premiers tableaux sont de Iceland et de l’Amérique du Sud. Ses compagnons lui commandent également des scènes de divertissement du bord et le capitaine, un tableau de l’Almanzora. L’original de celui-ci et d’autres oeuvres de cette époque sont au Royal naval Museum à Portsmouth.
Les années 20 voient le début d’une période prolifique. C’est aussi le début d’une série de très nombreux voyages en France, où à chacune de ses visites, il avait le sentiment de revenir chez lui. Il y séjourne près de vingt fois de 1925 à 1963 tant au sud de la Loire qu’au nord, avec des villes de prédilection : Montreuil-sur-Mer, Honfleur et les Andelys qu’il craque sur le papier ou la toile.
Dans ces années qui suivirent la première guerre mondiale, Needell s’exprime par le dessin et l’aquarelle. Pour les spécialistes, ses meilleures aquarelles datent de cette époque ; de superbes paysages peints symboliquement dans des tons sages.
Essentiellement paysagiste, Needell admettait avoir subi l’influence des grands maîtres : William Turner qui n’arrivait mieux qu’aucun autre à saisir sur ses toiles, la vivacité de la couleur, la lumière de la nature, Velasquez, Cotman et Utrillo.
Les premières œuvres de Needell sont indéniablement influencées par les grands paysagistes anglais du X1Xe siècle. Gérald Schurr, critique de renom, dans son tome 5 des « petits maîtres de la peinture 1820-1920 », écrit à son propos : « (il)… étend uniformément, comme Cotman, une couleur bien enfermée dans la faune, épuisant comme Turner, toutes les ressources de la lumière ». Un avis que partage Robert Tuffier qui consacra, à nombreuse reprise, ses cimaises à Needell : « ses premières œuvres sont marquées par les paysagistes de l’École anglaise du 19e. L’analyse de ses peintures révèle la grande Justesse et la grande minutie de son dessin. Il respecte beaucoup les plans mais ne s’appuie que très rarement sur un « premier plan », créant ainsi une grande difficulté picturale ». On a pu parler de style « victorien ». Sa palette favorite est basée sur le noir-ivoire, l’ocre jaune, le blanc titane soit avec de la terre de sienne brûlée et du bleu de cobalt ou avec de l’ombre brûlée et de la
Needell travaillait méticuleusement, développant son interprétation des paysages à travers plusieurs plans. Chaque paysage est d’un grand réalisme et comme l’écrit encore Gérald Schurr, « réaliste mais hostile à l’anecdote, le peintre s’efface devant le paysage pur, traité en valeurs très fines sur des fonds généralement colorés ».
Dans ces mêmes années 20 et au début des années 30, Needell crée sa propre technique de l’estampe. Dix-sept de ses meilleures œuvres sont d’ailleurs exposées au cabinet d’estampes du British-Museum.
En 1943, pour des raisons de santé, il quitte la London and Westminster Bank et se consacre désormais entièrement à son art. Il étudie à nouveau les grands maîtres d’où il tire des enseignements tout en étant lui-même. Son dessin évolue vers une plus grande abstraction visuelle, ses couleurs se fondent. Pour parvenir à une œuvre aboutie, Needell s’imprégnait du paysage et y travaillait par étapes. Tous les tableaux de cette période et des dernières années de sa vie, ont été terminés dans son atelier à partir de notes qu’il avait prises sur place à l’origine et qui ont progressé du dessin au crayon, au lavis, à l’aquarelle ou à la gouache, jusqu’à la pocharde préliminaire avant le tableau définitif à l’huile.